J’étais là...
Au beau milieu de la jungle du Suriname, où chaque plante semble avoir un sens de l’humour bien particulier, généralement à nos dépens. Instructeur du Royal Netherlands Marine Corps Jungle Warfare, j’ai déjà eu mon lot de mauvais tours en pleine nature. Mais aujourd’hui, la jungle avait décidé de me faire une blague de plus, et pas des moindres.
On effectuait une traversée tactique de rivière. L’idée brillante du jour ? Attacher les sacs à dos de notre équipe de reconnaissance à six ensemble, créant ainsi un radeau de fortune. À ma grande surprise, ce truc flottait vraiment.
Nous ressemblions à une bande de loutres très motivées et lourdement armées, traversant la rivière pleine de piranhas et d’anguilles électriques, nos carabines en équilibre sur ce « chef-d’œuvre » flottant.
Arrivés de l’autre côté, presque intacts et - bonus - sans morsures, on a commencé à grimper sur la berge. Et c’est là que tout a dérapé. Alors que je m’accroche au talus, carabine à la main, je sens une déchirure nette. Catastrophe ! Mon pantalon, trempé pendant des jours et réduit à l’état de papier de soie, venait de céder, et tout l’entrejambe s’était envolé. Le pire ? J’avais oublié de mettre des sous-vêtements.
Essayant de sauver ce qu’il restait de ma dignité, je me traîne jusqu’à la berge, en évitant de trop exposer « la marchandise ». « Sécurisez le périmètre ! », lançai-je à mes camarades, en prenant soin de ne pas offrir une vue trop généreuse de mes… atouts.
Entre deux respirations, je fouille désespérément dans mon sac à la recherche de fil et d’aiguille. Une main sur la carabine, l’autre tentant de raccommoder ce qui ne peut plus l’être – coudre du coton trempé est aussi efficace que recoller du papier toilette mouillé.
C’était peine perdue. Mon pantalon se désintégrait littéralement entre mes mains. Il ne me restait plus qu’une option : sortir mon kit sec pour la nuit, avec ma seule et unique paire de pantalons de rechange. Enfilés à la va-vite, je fourre les restes du pantalon déchiré dans mon sac, espérant que personne n’ait remarqué ma mésaventure. Adieu au confort sec de la nuit.
Lorsque la nuit est tombée, nous avons monté nos hamacs. Moi, j’étais allongé là, dans mon nouveau pantalon déjà trempé de sueur, avec le tissu qui me collait à la peau comme un ex un peu trop insistant. Chaque démangeaison, chaque frottement me rappelait une chose : la jungle a un humour bien particulier, et elle le pratique toujours à vos dépens.
Les jours suivants, le véritable combat n’était pas contre l’ennemi, mais contre ce maudit pantalon mouillé. Dormir dans un hamac humide ? Une torture unique. Chaque nuit, le sommeil devenait un rêve lointain, et tout ce que je pouvais faire, c’était prier pour que la mission se termine.
Quelques jours plus tard, mission accomplie, on est enfin sortis de la jungle. J’étais épuisé, mais soulagé. Cette aventure m’aura rappelé deux vérités fondamentales : la jungle est impitoyable, et il ne faut jamais, jamais, sous-estimer l’importance des vêtements fiables, en particulier des sous-vêtements.
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